vendredi 18 août 2023

1-Les origines

 
Les origines
 
Le tout début...

J'entame ici le récit au jour le jour de la construction locomotive en 7 pouces 1/4.  Il s'agit d'une Decauville 030 type Progress (10.5 tonnes) .

L'idée a germé dans mon esprit lorsqu'en furetant dans les rayonnages de la Librairie du Midi à Bruxelles, je suis tombé sur l'ouvrage de Gothier décrivant la construction d'une locomotive Decauville 020.  Tout était si bien expliqué, mais de là à passer à la pratique.  Pour ça, il a fallu que je découvre par hasard le blog de Romubricoltout (http://romubricoltout.canalblog.com/).  Là, tout semblait si facile.  Moi qui ai toujours rêvé de travailler de la ferraille et qui ai toujours été intéressé par les machines à vapeur, il n'en fallait pas plus pour me décider.  Ce blog est d'ailleurs toujours resté mon "livre de chevet" (si on peut dire) pendant toute la phase de conception.  Je crois que c'est un incontournable pour toute personne qui décide de se lancer dans la construction d'une loco, et d'une façon générale, pour toute personne qui aime voir comment les bon outils ne font pas nécessairement le bon ouvrier, mais comment un bon ouvrier parvient à tirer des merveilles d'un matériel modeste.


Un peu d'histoire...

Ce modèle de locomotive a été produite au début du XXeme siècle par les Etablissements Decauville à Corbeil (Essonne).  Elle a principalement été construite dans sa version à l'écartement de 60 (centimètres) et utilisées abondamment pour les chemins de fer industriels, sucreries,... sans oublier le ravitaillement du front lors de la guerre 14-18.

Ayant entre-temps découvert le Petit Train à Vapeur de Forest (http://ptvf.fte2.org/), il me tardait de commencer la construction, mais pour cela, il me fallait du temps, donc attendre la retraite.
Lorsque celle-ci commença à poindre à l'horizon, fin 2011,  je pris la décision de commander les pièces de fonderie et les plans. 
Et par un mois de janvier 2012, elle arrivent enfin.  Elles ne sont plus toutes disponibles, mais les pièces essentielles sont là. Il ne reste plus que la cheminée qui a pris du retard.




En ouvrant les caisses, il me semble déjà entendre le halètement de la loco mais peut-être n'est ce que moi qui imite déjà le bruit...
Et les deux plus belles pour la fin.  La porte de la boîte à fumée et la plaque du constructeur.






Avec toutes ces pièces, j'avais aussi commandé un jeu de plans.  Et là, déception.  Il sont pour le moins incomplets pour ne pas dire incompatibles entre la version 020 et les plans complémentaires pour la 030.  Même pas un plan d'ensemble !  Quelques heures de découragement bien vite surmonté par la consultation du facsimile du catalogue Decauville.  Tout s'y trouve sous forme de dessins.  Bon, les plans achetés vont pouvoir servir de base, mais il va falloir refaire les plans entièrement.  Une bonne façon d'ailleurs de se poser des tas de questions et de bien connaître la machine avant de se lancer dans la fabrication.  J'essaye cependant d'être réaliste et rajoute un an à la durée initiale du projet (3 à 4 ans).  Ce n'est finalement qu'un moindre mal puisqu'entretemps j'ai décidé de retravailler un peu.  Je ne doute pas que mon employeur me laissera le temps de travailler à mon projet...

Donc, on se met au travail...
à la maison....                 

                                                     
       
                                                                                         ... et au boulot ! (ici, en Côte d'Ivoire le 12 avril 2012 )





Pour le calcul de la distribution, ça coince.  Pour le moment au sens figuré du terme, mais si on continue comme ça, ce sera au sens propre.  Finalement, refaire les plans, c'est en quelque sorte ré-inventer la roue (ou la machine à vapeur...), mais on comprend pourquoi il a fallu si longtemps avant que quelqu'un ne l'invente.  En effet, je me rend compte que calculer une distribution n'est pas évident du tout.   Donc, retour à la théorie.


Jeudi 26 juillet 2012 – Froissy/Capy

Une étape essentielle dans le processus de gestation.  La confrontation avec l’original.



Quelle merveille que ce petit musée du Petit Train de la Haute Somme.   Même si la 030 était l’objet de mon voyage, on ne pouvait pas partir sans admirer les autres joyaux de la collection.
Enfin, ça m’a permis de faire une ample moisson de photos de détail qui m’ont été très utiles pour terminer les plans tout en restant le plus proche possible de l’original.

Retour sur les plans...

C’est paradoxal, mais c’est quand je suis au boulot que je trouve un peu de temps pour travailler sur les plans.  Décidement, je pourrai déclarer mon employeur, Schlumberger, Sponsor Nr 1 du projet… tout au moins pour sa phase de recherche.
Quel bonheur de voir se construire sur l’écran les différentes parties de la loco, mais aussi quelle frustration de devoir rester dans le virtuel.



En masquant certains éléments, on obtient un petit aperçu de la suspension



Petit-Enghien, janvier 2013

De retour à la maison, le temps n’est pas engageant pour sortir ou travailler au jardin.  Donc, on descend aux abris, en l’occurrence l'atelier.  
Comme il n'est pas encore question de ma lancer dans la construction, je passe mon temps sur quelques petits projets comme celui d'un niveau d’eau à réfraction (type Klinger) pour la chaudière.  Niveau très efficace et nettement plus robuste qu’un classique niveau à tube. 
Comment usiner des gorges à 90° dans du verre, et qui plus est, s’arranger pour qu’elles soient parallèles.  Tout d’abord, quel outil utiliser.  Les meules de forme sont hors de prix, tout au moins pour une petite série comme celle-ci. 
Je décide finalement d’essayer l’arête d’un meule diamantée à liant résine.  Sans me faire aucune illusion sur sa tenue et en étant persuadé qu’il faudra passer au liant métallique lorsque la méthode sera au point.  Enfin, pour un essai, ça ne coûte pas cher.
On construit donc un support sur lequel se fixe le verre avec du collant double face et qui coulisse sur un support.








Et voilà le résultat.  Sans rien casser et avec une arête de meule intacte après quatre rainures.
 



Bon, c’est vrai, en photo ce n’est pas superbe, mais la réalité est plus que satisfaisante.  Seul problème, le polissage qui a été fait par un mouvement de va-et-vient suivant les rainures, ce qui a créé de nombreuses fines cannelures qui perturbent un peu la réflexion de la lumière.  Il faudra passer au polissage avec un disque, mais c’est un détail.
Tiens, au fait, j’avais dit que je ne commençais pas la fabrication avant la retraite et je viens déjà de fabriquer la première pièce.  Enfin, non, c’était un essais.

Toujours pour m'aider à prendre mon mal en patience, je passe mon temps à faire quelques petites pièces comme les deux robinets de jauge pour la chaudière.




J’ai essayé le siège et le presse étoupe en téflon.  On verra.

Mars 2014

Ouf, ça y est, j’ai enfin trouvé Le Tube inox pour la chaudière.  J’ai du acheter trois mètres, mais ils ont été très sympa sur le prix, donc tout est bien.  Du 304L en 3.75 d’épaisseur.  Je ne pouvais par rêver mieux.





Avant de remonter le tube au grenier, on coupe les morceaux nécessaires à la chaudière et à la boîte à fumée.  Pas évident à manipuler seul d’autant qu’il faut le retourner pour le scier.



Voilà en gros la "pré-gestation" de ma loco

On va maintenant attaquer les choses sérieuses, en essayant quand même de ne pas se prendre trop au sérieux...


jeudi 17 août 2023

 

Remerciements et quelques considérations personnelles...  

 

 

Le projet, tout au moins la partie construction touchant tout doucement à sa fin, je crois venu le moment de remercier les personnes qui m’ont apporté leur soutien et ont rendu cette belle aventure possible.

Je tiens tout d’abord à remercier A. Gothier que je n’ai pas eu le plaisir de rencontrer, mais dont j’ai un jour découvert le premier livre qui m’a donné l’envie de construire un locomotive.  Comment  résister à pareille promesse : « Construisez une locomotive »…  Bon, c’est vrai, il ne disait rien quant au tems que j’allais y passer.

 


 J’ai ensuite découvert le site de Romuald Noël, mieux connu sous le nom de Romubricoltout dont le blog m’a confirmé dans l’idée que construire une locomotive était non seulement possible mais facile.  Enfin, tout y est expliqué si clairement que ça ne peut que paraître facile…

Ca, c’est pour l’étincelle de départ. 

Ensuite, je comptais un peu sur l’entraide entre personnes partageant la même passion, mais là, ce fut un peu la déception.  L’impression que j’en ai retiré est que beaucoup gardent jalousement leurs petits secrets et lorsqu’on pose une question, il est en général très difficile d’obtenir une réponse utile.  Quant au soutien moral, vous verrez que si certaines personnes peuvent vous tirer, d’autres font tout pour vous décourager et vous faire douter de vous-même.  Bon, ce n’est pas grave, ca me facilite d’ailleurs la tâche car ça fait moins de personnes à remercier. 

Heureusement, il y a les Autres.  Je remercierai donc tout particulièrement le regretté Claude Démarez qui m’a gentiment accueilli chez lui et autour d’une bonne bière a su me donner les conseils nécessaires pour construire ma chaudière et surtout des conseils qui m’ont permis d’éviter pas mal de problèmes.  Je remercierai aussi Alain Bersillon que certains d’entre vous ont connu comme l’auteur de la Boïte à Fumée et qui m’a fait partager ses connaissances en tôlerie.  C’est encore quelqu’un qui n’a pas besoin d’une découpeuse laser pour découper une tôle et qui sait la mettre en forme.  Ca se fait rare…

Il y a aussi tous les autres qui m’ont apporté leur soutien moral et leurs encouragements.  Il se reconnaîtrons.

Enfin, je me fend d’une petite réflexion quant aux personnes qui gardent jalousement leur petits « trucs » ou le nom de leurs fournisseurs.  C’est une attitude que j’avais déjà rencontrée durant ma vie professionnelle, mais j’en étais arrivé à une conclusion qui semble s’appliquer également ici.  Si certaines personnes rechignent à partager leur connaissances, c’est peut-être tout simplement parce qu’elles n’ont rien à partager.  Vous trouverez d’ailleurs énormément de gens intarissables sur la construction de leur loco, mais surtout ne grattez pas trop le vernis, vous seriez vite déçus en vous rendant compte qu’en réalité la loco a été construite ou assemblée par une autre personne.   Et oui, il existe de vrais constructeurs, mais ceux-là se distinguent en général par leur modestie et leur discrétion.

Donc, pour ceux qui seraient tentés par l’aventure de la construction ferroviaire, n’attendez pas trop des autres et compter surtout sur vos ressources personnelles.  Ne les sous estimez pas, elles sont certainement suffisantes pour mener à bien votre projet, même si un petit soutien extérieur fait toujours plaisir.